Qui choisit quand "je choisis" ? Qu’est-ce qui en moi
choisit quand je crois choisir ?
Pour illustrer la complexité de cette
question, voici deux exemples simples tirés de ma
pratique professionnelle.
En amont d’un possible accompagnement individuel, un certain
nombre d’entreprises ont pour habitude de proposer au manager ou dirigeant « coaché »
potentiel de rencontrer deux coachs qu’elles ont référencés au préalable, et de
lui dire « choisis celui ou celle des deux avec qui tu aurais envie de
travailler. »
Voilà un processus qui semble tout à fait rationnel et
efficace. Sauf que…
Premier constat : tiens, lorsque je vois le « coaché »
en deuxième (après l’autre coach), je suis choisi dans environ 2/3 des cas, tandis que
lorsque je le vois en premier (avant mon confrère ou ma consœur), je ne suis
choisi que dans 1/3 des cas environ.
Cela s’explique simplement : lorsque j’interviens en
deuxième, je capitalise sur le travail déjà fait par mon confrère et néanmoins concurrent lors de sa rencontre avec le client et je
peux donc aller plus loin ou plus profondément dans l’exploration de la
problématique de mon interlocuteur. A l’inverse, quand je passe en premier, c’est
mon confrère qui a la chance de pouvoir capitaliser sur mon travail.
Jusqu'à un certain point, c’est donc l’environnement et le
processus mis en place qui choisit le coach, et non le client!
Deuxième constat : dans un certain nombre de cas, il m’est
arrivé de m’être trouvé particulièrement pertinent et perspicace lors de tels
entretiens préalables, et de ne pas être choisi – c’est très vexant !
Inversement, il m’est arrivé d’avoir eu l’impression de « patauger » lamentablement
dans la problématique de mon client, et d’être choisi à l’issue de cet entretien
initial.
En effet si, rationnellement, le client croit choisir le coach qui
lui parait le plus compétent pour sa problématique, en réalité, il choisit aussi intuitivement et
inconsciemment celui avec lequel il a le
meilleur « fit » - c’est-à dire en fait, assez souvent, celui qui lui
fait le moins peur et celui dont il se dit qu’il risque le moins de réussir à
le déstabiliser ou à le « faire changer »!
D'une certaine manière, ce processus de choix du coach peut donc être, dans
certains cas, une bonne manière de s’assurer que le coaching n’aura qu’un
impact limité !
Dans ce domaine comme dans d’autres, l’explication des
raisons du choix sera ainsi souvent un habillage rationnel a posteriori. La
vraie décision aura été le fruit d’éléments contingents de l’environnement,
autrement dit du hasard (comme ici l’ordre des rencontres avec les coachs),
ainsi que de l’intelligence intuitive et émotionnelle de l’individu. Or l’intuition,
si elle nous livre sa conclusion rapidement et sans effort, ne nous révèle en rien par quel cheminement et quels critères elle est passée…
Et dans tout cela, que reste t-il du libre arbitre?
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