mercredi 4 décembre 2013
"Ce qui se conçoit bien..." - Quand Einstein rejoint Boileau.
Libellés :
communication,
transmission
En lisant certains ouvrages français de management et, plus encore, de psychologie, l'envie me vient de paraphraser Boileau: "ce qui se conçoit mal s'énonce obscurément, et les mots pour le dire vous viennent péniblement."
Nous semblons croire, en France, que plus un texte semble abscons, plus son auteur doit être profond et intelligent. D'où une course à l'hermétisme, au jargon inutile, à l'abstraction fumeuse et à la syntaxe ampoulée, attisée par les égos. Il s'agit d'impressionner et de fasciner, plus que d'être utile et même de faire sens.
Certes, il m'arrive à l'inverse de m'agacer d'ouvrages américains pourtant très pragmatiques et concrets, parce qu'ils me semblent trop simplistes et pas assez nuancés. Apparemment, ils n'ont pas, eux, été "éduqués" à coups de dissertations thèse - antithèse - synthèse! Il s'agit de convaincre et d'être pratique, plus que d'être vrai ou exhaustif.
Deux conceptions différentes de l'auteur, et de l'autorité...
mercredi 27 novembre 2013
De l'illusion du choix...
Libellés :
coaching,
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relation
Qui choisit quand "je choisis" ? Qu’est-ce qui en moi
choisit quand je crois choisir ?
Pour illustrer la complexité de cette
question, voici deux exemples simples tirés de ma
pratique professionnelle.
En amont d’un possible accompagnement individuel, un certain
nombre d’entreprises ont pour habitude de proposer au manager ou dirigeant « coaché »
potentiel de rencontrer deux coachs qu’elles ont référencés au préalable, et de
lui dire « choisis celui ou celle des deux avec qui tu aurais envie de
travailler. »
Voilà un processus qui semble tout à fait rationnel et
efficace. Sauf que…
Premier constat : tiens, lorsque je vois le « coaché »
en deuxième (après l’autre coach), je suis choisi dans environ 2/3 des cas, tandis que
lorsque je le vois en premier (avant mon confrère ou ma consœur), je ne suis
choisi que dans 1/3 des cas environ.
Cela s’explique simplement : lorsque j’interviens en
deuxième, je capitalise sur le travail déjà fait par mon confrère et néanmoins concurrent lors de sa rencontre avec le client et je
peux donc aller plus loin ou plus profondément dans l’exploration de la
problématique de mon interlocuteur. A l’inverse, quand je passe en premier, c’est
mon confrère qui a la chance de pouvoir capitaliser sur mon travail.
Jusqu'à un certain point, c’est donc l’environnement et le
processus mis en place qui choisit le coach, et non le client!
Deuxième constat : dans un certain nombre de cas, il m’est
arrivé de m’être trouvé particulièrement pertinent et perspicace lors de tels
entretiens préalables, et de ne pas être choisi – c’est très vexant !
Inversement, il m’est arrivé d’avoir eu l’impression de « patauger » lamentablement
dans la problématique de mon client, et d’être choisi à l’issue de cet entretien
initial.
En effet si, rationnellement, le client croit choisir le coach qui
lui parait le plus compétent pour sa problématique, en réalité, il choisit aussi intuitivement et
inconsciemment celui avec lequel il a le
meilleur « fit » - c’est-à dire en fait, assez souvent, celui qui lui
fait le moins peur et celui dont il se dit qu’il risque le moins de réussir à
le déstabiliser ou à le « faire changer »!
D'une certaine manière, ce processus de choix du coach peut donc être, dans
certains cas, une bonne manière de s’assurer que le coaching n’aura qu’un
impact limité !
Dans ce domaine comme dans d’autres, l’explication des
raisons du choix sera ainsi souvent un habillage rationnel a posteriori. La
vraie décision aura été le fruit d’éléments contingents de l’environnement,
autrement dit du hasard (comme ici l’ordre des rencontres avec les coachs),
ainsi que de l’intelligence intuitive et émotionnelle de l’individu. Or l’intuition,
si elle nous livre sa conclusion rapidement et sans effort, ne nous révèle en rien par quel cheminement et quels critères elle est passée…
Et dans tout cela, que reste t-il du libre arbitre?
vendredi 15 novembre 2013
On enseigne le mieux... ce qu'on a le plus besoin d'apprendre!
Cette affirmation en apparence paradoxale est en fait parfaitement logique!
Démonstration: une personne exceptionnellement douée pour un certain type de tâches voire dotée d'un véritable don (qu'il s'agisse de calcul mental, d'improvisation musicale ou de leadership), accomplira ces tâches de manière totalement intuitive.
Nous avons vu dans mon précédent "post" que la pensée intuitive est très rapide, automatique et sans effort... Mais si elle fournit un résultat (un chiffre, une mélodie, un geste, une répartie...), elle ne donne pas le chemin qu'elle a emprunté pour y arriver, qui reste non conscient!
En revanche, une personne peu douée pour ses mêmes tâches devra se concentrer pour parvenir à les réaliser, appeler la pensée rationnelle et consciente à la rescousse, et, lentement et avec effort, franchir un certain nombre d'étapes qu'elle aura eu au préalable besoin d'apprendre laborieusement.
Résultat: la personne exceptionnellement douée sera incapable d'expliquer à autrui comment elle s'y prend, là où la personne "besogneuse" sera tout à fait en mesure de le faire, et ce d'autant plus qu'elle a "besoin d'apprendre" et qu'elle est motivée.
Il y a donc quand même une justice. La pensée rationnelle et le travail ne peuvent pas tout, mais la pensée intuitive et le talent non plus! Il s'agit de développer et d'accorder les deux...
Démonstration: une personne exceptionnellement douée pour un certain type de tâches voire dotée d'un véritable don (qu'il s'agisse de calcul mental, d'improvisation musicale ou de leadership), accomplira ces tâches de manière totalement intuitive.
Nous avons vu dans mon précédent "post" que la pensée intuitive est très rapide, automatique et sans effort... Mais si elle fournit un résultat (un chiffre, une mélodie, un geste, une répartie...), elle ne donne pas le chemin qu'elle a emprunté pour y arriver, qui reste non conscient!
En revanche, une personne peu douée pour ses mêmes tâches devra se concentrer pour parvenir à les réaliser, appeler la pensée rationnelle et consciente à la rescousse, et, lentement et avec effort, franchir un certain nombre d'étapes qu'elle aura eu au préalable besoin d'apprendre laborieusement.
Résultat: la personne exceptionnellement douée sera incapable d'expliquer à autrui comment elle s'y prend, là où la personne "besogneuse" sera tout à fait en mesure de le faire, et ce d'autant plus qu'elle a "besoin d'apprendre" et qu'elle est motivée.
Il y a donc quand même une justice. La pensée rationnelle et le travail ne peuvent pas tout, mais la pensée intuitive et le talent non plus! Il s'agit de développer et d'accorder les deux...
mardi 12 novembre 2013
Mieux intégrer pensée rationnelle et pensée intuitive
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développement personnel,
innovation,
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processus
Dans un récent article, ainsi que dans un échange avec Sophie Péters ("le coin du coach" dans le Monde du 22 octobre), je définissais mon travail comme consistant souvent, chez des dirigeants formés par hypertrophie exclusive de la pensée rationnelle, à les amener à mieux apprivoiser, développer et utiliser leur pensée intuitive et leur intelligence émotionnelle.
La pensée intuitive est beaucoup plus rapide que notre pensée rationnelle et, contrairement à elle, fonctionne sans effort! Elle capitalise sur un grand nombre de souvenirs et expériences par association libre. Elle voit le plus souvent juste.. mais parfois se trompe totalement!
La pensée intuitive est beaucoup plus rapide que notre pensée rationnelle et, contrairement à elle, fonctionne sans effort! Elle capitalise sur un grand nombre de souvenirs et expériences par association libre. Elle voit le plus souvent juste.. mais parfois se trompe totalement!
Elle est également inconsciente, car si l'intuition nous fait spontanément part de ses conclusions face à une problématique donnée, elle ne nous donne pas accès au chemin qui l'y a conduit...
Pour mieux l'apprivoiser et l'utiliser à bon escient de manière puissante, le livre de Daniel Kahneman, Thinking, Fast and Slow (également disponible en français), est l'ouvrage de référence par excellence. Un psychologue devenu Prix Nobel d'économie, voilà déjà qui devrait résolument attirer notre
attention!
Si vous ne souhaitez pas donner la priorité à la lecture de ces 500 pages passionnantes, mais êtes néanmoins curieux d'en savoir un peu plus sur la nature de notre "système 1" (les processus inconscients de notre cerveau) et sur ses modes d'interaction avec notre "système 2" (les processus rationnels conscients), mon confrère et ami Robert Branche a proposé il y a quelques temps un excellent résumé de certains de ses enseignements clés ici.
"Pour être efficace, il nous faut être capable de tirer parti de la vitesse du Système 1… sans être trompé par ses jugements hâtifs, et souvent inexacts. Il nous faut aussi ne pas laisser le Système 2 vouloir contrôler ce qui ne peut pas l’être ou construire des raisonnements qui n’en sont pas."
En somme, la clé réside dans une meilleure compréhension de nos systèmes cognitifs, en évitant deux écueils:
- se priver de ressources précieuses, en utilisant la pensée rationnelle dans des contextes où la pensée intuitive est plus adaptée (par sa vitesse ou par sa meilleure prise en compte des dimensions émotionnelles et relationnelles), et vice-versa;
- la rationalisation, c'est-à-dire l'habillage rationnel a posteriori (et souvent réalisé inconsciemment!!) d'une décision en fait prise intuitivement.
dimanche 10 novembre 2013
"Happiness is love. Full stop."
Libellés :
bonheur
Une étude (the Grant study) d'une durée de 75 ans portant sur un échantillon de 268 étudiants d'Harvard (en 1938), et dotée d'un budget total de 20 millions de dollars.
Un suivi orchestré par la crème des professeurs de Harvard, et en premier lieu par George Vaillant, psychiatre et professeur à Harvard Medical School.
Le thème: qu'est-ce qui favorise le plus (ou au contraire nuit le plus) à l'épanouissement humain et au bonheur?
Le principal résultat de cette étude marathon, portant sur des vies entières jusqu'à 90 ans passés: le bonheur et la longévité en bonne santé dépendent de l'amour reçu (ou donné?) et de la chaleur de nos relations avec nos proches et nos amis. Point final. Et cette corrélation est de plus en plus forte avec l'âge.
Et l'argent? et le travail? et le QI? (bon OK, les sujets de l'étude ont tous fait Harvard!)
Le sport? La religion ou les opinions politiques?... Les blessures d'enfance?
"Happiness is love. Full stop." dit George Vaillant.
De quoi revisiter nos boussoles de vie, englués que nous pouvons être dans l'anxiété et l'agitation de nos vies professionnelles.
Un suivi orchestré par la crème des professeurs de Harvard, et en premier lieu par George Vaillant, psychiatre et professeur à Harvard Medical School.
Le thème: qu'est-ce qui favorise le plus (ou au contraire nuit le plus) à l'épanouissement humain et au bonheur?
Le principal résultat de cette étude marathon, portant sur des vies entières jusqu'à 90 ans passés: le bonheur et la longévité en bonne santé dépendent de l'amour reçu (ou donné?) et de la chaleur de nos relations avec nos proches et nos amis. Point final. Et cette corrélation est de plus en plus forte avec l'âge.
Et l'argent? et le travail? et le QI? (bon OK, les sujets de l'étude ont tous fait Harvard!)
Le sport? La religion ou les opinions politiques?... Les blessures d'enfance?
"Happiness is love. Full stop." dit George Vaillant.
De quoi revisiter nos boussoles de vie, englués que nous pouvons être dans l'anxiété et l'agitation de nos vies professionnelles.
lundi 30 septembre 2013
« Je pense, donc (parfois) je m’égare. »
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dirigeant,
intelligence intuitive,
intuition,
management
Ce sont pourtant deux ingénieurs
qui vous parlent : l’être humain est essentiellement mû par l’irrationnel.
Et si les directions d’entreprises commençaient à en tenir vraiment compte ?
(Article co-écrit avec Pierre Barny de Romanet)
Beaucoup des enjeux que les dirigeants
rencontrent sont des enjeux humains. Or, un être humain ne rentrera jamais dans
un tableau Excel.
C’est très heureux car c'est un sujet libre
et non un objet, dit le philosophe. Contrairement à un tube en acier, à un
immeuble en béton ou même à un système complexe comme une automobile, son
comportement n’est pas entièrement déterminé par les lois de la physique et a
la fâcheuse habitude de ne pas pouvoir se mettre en équations, quelle que soit
la puissance du calculateur.
C’est bien malheureux pense en lui-même le dirigeant, à qui l’on demande
des comptes passés à la moulinette des indicateurs, des «KPIs», des
«milestones» et autres approches chiffrées, issues de programmes sophistiqués.
Ah, quel casse-tête… casse-tête de
l’organisation, de l’adaptation des ressources aux challenges, de devoir donner
une vision claire au cœur d’un environnement aussi lisible qu’une soupe de pois
cassés. Et l’humain dans tout cela, avec ses éléments imprévisibles, ses
cadeaux et ses chausse-trappes, aussi… quel problème.
Problèmes ou dilemmes ?
« Problème, vous avez dit, problème… Mais
alors, voilà LA SOLUTION » dit le consultant en méthodes: les techniques de
résolution de problème, voyons. Soyons logiques et cohérents, à chaque problème
sa technique d’analyse, qui va converger vers une solution !
Euh, oui, certes, mais hélas, beaucoup des enjeux qui se présentent aux
dirigeants ressemblent plus à des dilemmes qu’à des problèmes.
Dilemme de devoir arbitrer entre investir des ressources dans des succès à
court terme ou bien dans des facteurs qui garantiront la compétitivité de
l’entreprise à long terme. Dilemme de devoir trancher entre deux bons candidats
pour un seul poste, au risque de perdre un précieux talent. Dilemme de devoir
sacrifier un projet auquel les personnes sont attachées pour faire plaisir au «
board » qui n’en veut pas… Autant de situations où les techniques de
résolution de problèmes n’apportent guère de soutien, car les éléments du
paysage sont déjà là et chaque solution a ses failles. En présence d’un
dilemme, il faut trancher et décider, avec les moyens du bord.
Ces moyens doivent-il se limiter à la
rationalité cartésienne du célèbre « je pense, donc je suis » ?
Ou bien faut-il se baser aussi sur ses
préférences, version «je like, donc j’achète » ou bien « j’aime, donc je
vis », bien en phase avec le monde 2.0?
Ou encore plutôt se référer à son
intuition, en mode « je sens, donc j’agis », en appelant aussi ses valeurs et
son courage en renfort ?
Appeler l’intelligence intuitive au secours de la pensée
rationnelle
L’être humain est essentiellement mû par l’irrationnel - son instinct,
son intuition, ses émotions et ses sentiments, ses envies et ses peurs. Et le
beau discours rationnel dont il se sert pour justifier ses choix et ses
comportements est généralement un habillage, une construction a posteriori.
Or, nous constatons pourtant que les dirigeants s’échinent à vouloir
utiliser des processus de même nature pour fabriquer des tubes en acier et pour
susciter au sein de leurs équipes la motivation, la confiance, l’envie
d’innover ou encore le plaisir au travail. Et de tenter de susciter la
confiance à grands renforts de plans d’actions, de livrables et de «KPI», dans
une belle logique tayloriste.
Pourquoi donc cela ?
Sortir du clonage dans la fabrique des élites
La formation de nos dirigeants est certes
la première responsable de cet état de fait. Qu’ils soient ingénieurs,
énarques, issus d’écoles de commerce ou de Sciences-Po, ils ont tous vécu les
mêmes modalités de formation par développement quasi exclusif de l’analyse et
de la pensée. On fait du « problem solving » au lycée, en école d’ingénieurs et
en Business Schools, d’où une tendance à requalifier des dilemmes en problèmes,
par le déni d’un des termes. « Celui qui n’a qu’un marteau voit des clous
partout. » Au prix de se couper d’autres ressources qu’ils ont mais n’utilisent
pas ou peu, atrophiées car ignorées.
Car donner confiance, susciter l’adhésion ou faciliter les approches
innovantes, cela relève-t-il du « problem solving » ? Notre expérience montre
plutôt que les processus efficaces sur ce type de terrains sont non pas
linéaires et centrés sur la tâche, mais itératifs, centrés sur la relation et
le partage…
Comme le rappelle Robert Branche (1), le management est l’art de la
confrontation et de la confiance. La philosophie et l’histoire, et non les
mathématiques, sont les disciplines majeures qui permettent d’apprendre l’art
de l’interprétation et celui de la confrontation, car mieux adaptées à
appréhender incertitude, ambigüités, contradictions, paradoxes.
Le monde en émergence demande de façon urgente un rééquilibrage des
profils des dirigeants et de leurs modes de représentations des situations. Les
leaders de demain devront s’ouvrir à ces autres ressources, sauf à vite
atteindre leur plafond de verre.
Et cet article est pourtant co-écrit par un
Polytechnicien et un Centralien !
mercredi 24 juillet 2013
Start-up et management: lâcher-prise et "scalabilité"
Libellés :
courage,
responsabilité,
vision
Dans un excellent article des Echos coécrit par notre partenaire François Potier, il est fait référence à la mode actuelle au sein des grands groupes de vouloir prétendument (re)créer une "culture start-up" au sein de l'entreprise, les auteurs synthétisant ensuite ce que cela signifierait concrètement sous forme de cinq principes managériaux.
Si je confronte cet article, basé sur l'étude de très grands succès (de Google à Vente-Privee.com) à mon expérience d'accompagnement de quelques start-ups françaises plus modestes, je me rends compte que parmi celles-ci, le premier principe évoqué (le lâcher-prise, la responsabilisation de chacun) y était en fait souvent assez peu développé - le fondateur/CEO voulant souvent garder le contrôle sur tout!
En fait, c'est la croissance de l'entreprise et le besoin de "scalabilité" (le cinquième principe, la capacité à grandir rapidement tout en gardant le même niveau d'exigence et d'efficacité) qui fait émerger un problème de manière forte à un moment donné de la vie de la start-up. En effet, si le patron peut facilement tout contrôler dans une start-up de 10 personnes, il ne pourra plus le faire dans une PME de 200 personnes (sauf peut-être s'il s'appelle Steve Jobs!). Partant de là, deux voies s'offrent à lui:
- oser la confiance, le lâcher-prise, l'autonomisation et la responsabilisation de chacun;
- tenter de concilier maintien d'un contrôle fort et scalabilité, ce qui engendrera généralement moult procédures et reportings, au risque de démotiver les meilleurs et les fondateurs en bureaucratisant la société.
La "scalabilité" est certes rendue possible et grandement facilitée par la technologie et le SI... mais aussi par le partage d'une vision et par la responsabilisation de chacun. Et les meilleures entreprises de croissance ont bien recours aux deux à la fois, en combinant ainsi à fond alignement et "empowerment".
mercredi 1 mai 2013
Samba, coaching et management de la performance
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Je rentre tout juste de Sao Paolo
où vient de se dérouler la conférence annuelle de The Global Coaching Partnership (TGCP),
réseau de coachs de dirigeants fondé en 1998 dont Acolis a l’honneur d’être depuis
un an le partenaire français. Pendant trois jours, hébergés par
notre partenaire brésilien CareerCenter, j’étais l’un des quatorze coachs représentant les dix sociétés
partenaires, autant de pays et plus de 120 coachs de dirigeants au total qui ont
partagé leurs bonnes pratiques, rencontré ensemble des panels de clients, et
échangé sur le présent et l’avenir du métier, les tendances et la conjoncture.
Et là, surprise ! Car
au-delà des différences culturelles souvent mises en avant en pareil contexte,
les jeux de rôles, études de cas et autres séances de supervision croisées ont
permis de révéler une véritable proximité de regard et de pratiques, de l’Allemagne
au Canada et de l’Afrique du Sud à Singapour. De plus, les constats ont
convergé sur certaines tendances de fond du coaching:
Ø
Le marché est partout marqué par la confusion entre de
nombreuses conceptions du coaching individuel, en raison de l’existence d’offres
très différentes derrière ce même mot de « coaching » (life coachs,
mentors et consultants l’utilisant parfois dans des sens sensiblement
différents que celui que nous lui donnons) ;
Ø
Le métier est également menacé par la
« commoditization » (ou nivellement par le bas si on tente d’éviter
le franglais), des centaines de « coachs » de formations et profils fort
différents et très inégaux arrivant chaque année sur le marché dans chaque
pays;
Ø
Parmi les bonnes nouvelles, la reconnaissance au
sein des entreprises des bénéfices et de l’impact d’un coaching individuel est dans
l’ensemble perçue en nette augmentation, comme le montre un récent rapport de
l’ICF,
tout comme l’utilisation globale et la réputation du coaching au sein des
organisations;
Ø
Au-delà du coaching individuel, le développement
du coaching d’équipes et de groupes constitue une tendance forte dans la
plupart des pays.
Pour faire face aux deux premiers
points ci-dessus, l’heure est à l’utilisation d’outils de « performance
management » chez nos clients pour évaluer l’impact des coachings, et à
des processus d’« assurance qualité » du côté des cabinets de
coaching et réseaux de coachs, tel que le « peer auditing » mis en
place entre les membres de TGCP. Processus et assurance qualité,
voilà des mots bien « cerveau gauche » qu’on n’associe pas
nécessairement au coaching !
Jusqu'où objectiver le
subjectif ? Les DRH et les coachs eux-mêmes doivent aujourd’hui louvoyer
entre deux écueils opposés:
Ø
La pure intersubjectivité, le coaching vécu
comme un espace de rencontre entre deux sujets, sans plus de cadre que le code
de déontologie du coach, le nombre d’heures prévu au contrat, le lieu et le
format des séances et des réunions tripartites éventuelles. A tort ou à raison,
nombre d’entreprises n’ont pas ou plus aujourd’hui suffisamment confiance dans
ce mode opératoire, quelles que soient les compétences et le « track
record » du coach.
Ø
L’excès de processus, de cadrage et d’outillage,
qui conduit à l’objectivation du coaché (au sens littéral : sa
« chosification », la réduction de l’humain au facteur de production)
et peut surtout empêcher qu’il se passe quoi que ce soit d’essentiel et de
profond dans la relation entre le coach et le dirigeant accompagné!
En se conformant à la culture « process »
de certaines entreprises, le coaching risque surtout de s’y dissoudre, et de perdre sa puissance de changement à force de mimétisme…
Comme dans la samba, l'essentiel est au-delà de la technique.
Comme dans la samba, l'essentiel est au-delà de la technique.
Notre prof de samba brésilienne est cachée parmi ces coachs issus des cinq continents. Saurez-vous la retrouver ? |
lundi 29 avril 2013
Accepter sa vulnérabilité, condition du développement personnel et professionnel de chacun
Libellés :
changement,
courage,
développement personnel,
innovation,
vulnérabilité
"[Montrer sa] vulnérabilité n'est pas une faiblesse, mais la mesure la plus précise que nous ayons du courage. (...) La vulnérabilité est le berceau de l'innovation, de la créativité et du changement."
Un "talk" remarquable de Brené Brown, auteur de "The Power of Vulnerability" et "The Gift of Imperfection."
http://www.ted.com/talks/brene_brown_listening_to_shame.html
mercredi 13 février 2013
D’ingénieur à dirigeant : le grand écart?
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dirigeant,
ingénieur,
intelligence intuitive,
intuition
Parce que la vie n’est pas un problème de maths…
Plaidoyer pour l’ingénieur 2.0
Plaidoyer pour l’ingénieur 2.0
La France a une longue tradition
de dirigeants ingénieurs, issus en particulier de Polytechnique, Centrale ou
l’Ecole des Mines. Pourtant, et bien qu'ingénieur de formation moi-même, j’ai
pu constater dans ma pratique d’accompagnement de dirigeants que cette
évolution professionnelle n’allait pas nécessairement de soi et que nombre
d’entre eux achoppaient, une fois devenus dirigeants, sur les mêmes difficultés
récurrentes.
L’ingénieur devenu manager ou a
fortiori dirigeant est en effet confronté à des règles du jeu très différentes
de celles auxquelles il a été habitué pendant toutes ses études, voire pendant
la première partie de sa vie professionnelle:
1. C’est à
lui qu’il incombe de formuler les questions et les objectifs, les problèmes
ne sont plus posés et soumis par autrui – il s’agit de passer de la réaction à
l’action ;
2. Il existe
plusieurs façons de formuler chaque enjeu, situation ou problème, toutes
interprétatives, incomplètes et partielles ;
3. L’énoncé
de chaque problème est baigné d’incertitude car certaines données sont manquantes,
incertaines, évolutives voire ignorées;
4. Ce
problème n’admet pas une solution unique et parfaite mais plusieurs
solutions imparfaites, aux conséquences seulement partiellement prévisibles et
impliquant toutes une prise de risque ;
5. Le
problème comporte en outre des enjeux irrationnels de type relationnels,
psychologiques et émotionnels, et sa résolution nécessite de faire appel aussi
à l’intuition ;
6. Le
problème ne peut être résolu seul : la meilleure solution est
généralement le résultat d’un travail d’équipe, notion assez étrangère au
système scolaire français ;
7. Il est
malgré tout nécessaire de décider et de choisir, la non décision étant
souvent la plus mauvaise des décisions ;
8. Enfin, au-delà de la décision ou de la
définition d’une solution, il est
nécessaire pour le résoudre de passer à l’acte, d’expérimenter et d’accepter de
faire des erreurs, d’explorer différentes manières de mettre en œuvre et d’ajuster
au fur et à mesure.
Selon les personnes, c’est tel ou
tel des huit points ci-dessus qui sera au cœur d’une angoisse, d’un angle mort
ou d’un blocage… ou plus simplement une compétence à acquérir.
Souvent, ceux qui rencontrent les
plus grandes difficultés dans cette transition et ce changement de règles du
jeu sont ceux-là mêmes qui ont le plus brillamment réussi leurs études!
Une fois ce constat posé, il y a
du pain sur la planche pour les Ecoles d’ingénieurs elles-mêmes, et en particulier
pour les plus cotées ! Mais il y en a également pour les DRH des
entreprises françaises, et ceci d’autant plus que ce qui s’observe sur les
individus peut, au-delà d’une certaine masse critique, se révéler une caractéristique
de la culture de l’entreprise :
- Une entreprise dont la culture achoppera sur la
règle 1 souffrira en premier lieu d’un déficit de vision, avec ce que cela peut
impliquer en termes de manque de cohérence et de performance sur le long terme,
ainsi que de manque d’engagement des collaborateurs ;
- Celle qui sera mal à l’aise avec les règles 2 à
4 risquera de se révéler fort peu adaptée à la gestion de la complexité et des
transformations accélérées et permanentes de notre siècle ;
- L’ignorance de la règle 5 pourra elle notamment entraîner
plus de souffrance que de plaisir au travail ainsi qu’un déficit de créativité,
celle de la règle 6, des problèmes d’alignement stratégique et d’engagement,
celle des règles 7 et 8, paralysie et
entropie…
Les jeunes ingénieurs eux-mêmes
semblent plaider pour une réhabilitation de l’intuition dans leur cursus de
formation(1). Plus généralement, l’enjeu central est de développer
l’intelligence intuitive et la créativité, au-delà de l’intelligence
rationnelle, pour mieux appréhender les situations complexes, apprivoiser
l’incertitude et la prise de risque ainsi que les enjeux relationnels et
« politiques ».
Pour le dire autrement et de
manière symbolique, il s’agit de rééquilibrer nos deux hémisphères cérébraux en
renforçant le « cerveau droit » pour éviter la toute-puissance du
« cerveau gauche ».
A une époque où certaines
entreprises disent souhaiter recruter à l’avenir davantage de profils issus des
filières « lettres et sciences humaines » pour leur capacité à
« sortir du cadre » et à coopérer (2), il est sans doute
de l’intérêt même des ingénieurs et des écoles d’ingénieurs de repenser leur
bagage culturel et de l’ouvrir à d’autres influences.
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